« Faire les cons sérieusement et faire sérieusement les cons. » Tout est dit dans cette phrase, formulée par le groupe de la Breizh Steampunk society pour se présenter. Nous les avons croisés, alors qu’il était en déplacement à Rennes.

Trois grands E : Enthousiasme, Étonnement et Extase pour des objets d’un esthétisme intriguant, installés et présentés sur une grande table. Le quatuor d’aventuriers semble tout bonnement sorti d’un des romans de Jules Verne. Ayant réussi ce saut fantaisiste d’arriver dans notre monde, le colonel Phil, le grand Nico, la sage Hellébore et l’intrépide Colombe s’arment d’histoires et d’anecdotes pour nous parler de leur passion commune : le Steam punk. Ils sont venus à Rennes spécialement pour nous rencontrer.

Le Steam punk, c’est quoi ? Mouvement culturel du XIXème siècle, il se caractérise comme un hommage à l’esthétique et à la technologie de cette même époque, tout en y ajoutant des éléments de Science-fiction. Le « Steam » met en avant une technologie avancée et ayant comme particularité intéressante de n’utiliser que la vapeur comme source d’énergie à défaut de l’électricité, le gaz ou bien le pétrole et d’adopter un look rétro (en témoigne le colonel Phil qui se tient bien droit dans ses habits d’époque moderne, le « gun » près de la poche droite de son pantalon, comprenant l’influence de l’époque victorienne anglaise, la Belle époque ou la guerre de sécession aux États-Unis). Le style est perçu comme une parodie du Cyberpunk, bien plus anarchique et qui répond à cette différence entre les deux mouvements : une pensée qui se voit d’autant plus anticonsumériste avec l’exemple du Do it yourself (DIY). Le Steampunk, qui donne à rêver et à s’intéresser à un univers impressionnant, reste très peu démocratisé en France, contrairement à l’Angleterre. Mais la communauté s’agrandit jour après jour.

La Breizh Steampunk society, c’est une association crée en 2012 par cinq copains, tous amateurs de Steampunk, et aujourd’hui composé de douze membres. S’inspirant du festival Cidre et Dragons se déroulant en Normandie, elle cherche à rendre hommage à une époque antérieure, en détournant parfois les stéréotypes de la culture populaire tout en mélangeant Science-fiction, Fantaisie et Steampunk. « OSS177, rien de Steampunk mais l’humour, ça oui ! » Que de nombreuses références cinématographiques et littéraires, toutes soulignées par différents sous genres qui montrent différents univers : victorien, le far west, postapocalyptique, monde alternatif ou bien Fantaisie/horreur. « Wild wild west ! » pour Colombe, « Fall out ! » pour le grand Nico ou bien les « Hellboy » de Guillermo Del Toro.

Tournant dans le grand ouest avec des interventions variées et une participation à Court métrange, la Breizh Steampunk society est un lieu de rencontres, acceptant un public de tout âge et répertoriant certaines blagues ou certains spectacles pour les parents et les enfants. À la différence de beaucoup d’autres festivals orientés, la Breizh Steampunk society reste beaucoup plus axée sur une liberté d’imaginer et de découverte d’un monde auquel le public peut faire partie pleinement. Comme la sage Hellébore l’explique bien, les membres de l’association ne sont là que comme faire valoir à l’instar des machines mises en avant lors de démonstrations : les guns et autres machines improbables, et en diverses matières de brillances presque neuves, sont ici les vrais sujets.

Ce qui tape à l’œil : la qualité et le perfectionnisme des costumes et accessoires qui nous sont présentés. Il en est plus étonnant de constater que les costumes de notre petit groupe d’aventuriers se basent sur de la fouille, des découvertes ou tout simplement de la récupération dans le grenier de papy et mamie. La conception de leurs tenues est propre à chacun. Pour Hellébore, Pinterest, les vides greniers, les patrons historiques et les recherches documentaires l’aident à visualiser ses tenues, tandis que pour Colombe les friperies et les photos d’époque lui suffisent amplement ; s’offrant même quelques passages par Emmaüs pour trouver la perle rare. On parle aussi du costume de cosmonaute du colonel Phil, qui comporte une référence à la bande dessinée Tintin et Milou, les inspirations du grand Nico par des jeux vidéo tels que Fall out ou bien de l’univers de la bande dessinée des années cinquante comme Flash Gordon qu’il décrit lui-même comme un « ridicule magnifique ». Ce que l’on peut également confirmer, c’est l’influence de Peaky Blinders.

« Avoir une représentation physique, fantasmée et fantastique du XIXème siècle. » Voilà ce que s’est donné la Breizh Steampunk society comme rôle, pouvoir réécrire une forme d’utopie en virant le négatif grâce à des mélanges de cultures, à une appropriation de l’histoire. Et tourner en ridicule sans en oublier que chaque costume a déjà une histoire. Le but est bien loin d’éveiller des questions plus fâcheuses à un public ne connaissant rien au Steampunk. C’est une immense ouverture que l’association a toujours souhaité mettre en place, notamment grâce à l’organisation de leur propre festival « Les rétrofantaisies de Montautour » ou bien par leur participation à des Steamtour se déroulant dans différentes villes, telles que Nantes, connue pour ses immenses machines rappelant une ambiance rétrofuturiste. Ce qui donne l’opportunité à chacun de découvrir la ville en question et en même temps de rencontrer d’autres groupes plus éloignés mais passionnés de Steampunk.

Le Covid, et ce qu’il a imposé de « baisse de motivation et de besoin de se voir », selon le colonel Phil, les a poussés à mettre en place des jeux vidéo, romans photos et mini performances dans un processus interactif. Surtout qu’ils sont habitués à mettre en place six prestations par année… Leurs regards se sont plus portés sur l’association en proposant moins d’ateliers ouverts et plus d’ateliers simples (couture, bricolage…). Sur une note plus positive, le festival se déroulant à Montautour se donne l’objectif de présenter différentes activités seulement en mesure d’accueillir 1500 spectateurs. Alors si vous êtes intéressés par le Steampunk et souhaitez rejoindre nos aventuriers du 25 au 26 juin, n’hésitez pas à vous parer de vos plus belles tenues et accessoires ! Et du gun !

Aménie Lunguela-Joana