Christophe Brault, musique et Rock’n roll !

Christophe Brault, conférencier, écrivain, journaliste… et encore bien des casquettes au cours de sa vie ! Ça fait 40 ans qu’il est dans le milieu de la musique et autant vous dire qu’il maîtrise sont sujet. Il nous a fait l’honneur de venir nous faire un petit cours sur l’histoire du Rock.

Il a le rock dans l’âme et pourtant il est plutôt fringué passe partout pour mieux infiltrer les réseaux. « Même dans les concerts métal, ça me fait toujours marrer d’arriver dans cette tenue », s’amuse-t-il. Les clichés, il n’en veut pas ! Ce sont les premiers mots de Christophe Brault lors de notre rencontre.

Passionné de musique depuis sa plus tendre jeunesse, il est passé de la musique des 45 tours de ses grandes sœurs à plus d’une centaine d’albums écoutés par mois, aujourd’hui : « C’est un plaisir pour moi. Parce que c’est mon job, je peux me permettre de passer une journée entière à écouter des disques. » Ayant une formation radio, il a été disquaire pendant 15 ans, a bossé 10 ans en musicologie à Rennes 2 où il racontait l’histoire de la musique électronique du XXème siècle. Il a également écrit cinq livres dont un sixième est en préparation. Il anime un podcast sur la radio C-Lab depuis 15 ans « Music Machine » où il présente des nouveautés d’actualité rock et enfin il est conférencier depuis 15 ans. Vous vous doutez bien qu’avec ce background, Christophe Brault s’y connait en musique !

C’est en 1954 que le premier disque rock sort, plus précisément de rock’n’roll, terme qui est utilisé uniquement pour les années 1950. C’est Elvis qui lance le mouvement. A l’époque, c’était un mélange de jazz et de country. Par la suite, il y a eu la pop music ou musique populaire, qui est un mot valise servant à définir la musique en dehors du classique et qui prend différentes formes selon l’époque. « A l’époque, quand on écoutait Jimmy Hendrix, on disait que c’était de la pop music », raconte-t-il.

Les 70’s démarrent en 1969. On y retrouve le rock progressif avec des influences jazz et classique. Le hard rock comme Led Zepplin et Glam rock comme David Bowie. C’est à ce moment-là que le 33 tours détrône le 45 tours : « C’est une musique qui se dirige plus vers les adultes. Auparavant, c’était plus vers les ados. » C’est l’âge d’or du rock ! Le genre est renouvelé en 1976 avec la période punk et new wave. « On envoie balader tout ce qui a été fait avant pour donner un coup de jeune », décrit Christophe Brault. Pour la première fois dans la musique populaire, on s’intéresse aux racines blues, reggae et instruments électroniques.

Dans les années 1980, c’est la fin de l’âge d’or du rock. Vient l’arrivée du rap et la montée de la musique électronique. Ses deux derniers explosent dans les années 1990 et peu à peu le rock s’efface. Puis vient les années 2000 avec l’arrivée d’Internet qui a été une révolution. Tout change que ce soit au niveau des musiciens, du public et des intermédiaires.

Les musiciens n’ont plus besoin de louer de studio, ils peuvent désormais tout faire de chez eux (home studio) grâce à l’évolution de la technologie. C’est la fin des copains, la notion de groupe disparaît. Il ajoute : « Plus besoin d’un batteur qui casse les couilles, d’un bassiste qui nous emmerde. On fait tout, tout seul. » Bien sûr, ce n’est pas une obligation mais c’est une possibilité. Le public peut aussi acheter au format MP3, avec l’option d’avoir sa musique directement dans sa poche et ce, immédiatement. Les intermédiaires, les producteurs, le studio ou encore la maison de disque deviennent un passage facultatif. « Les musiciens ont la main et le public décide », dit-il encore.

Internet a permis plus de liberté aux musiciens et un choix colossal au niveau de la musique pour le public. Quand Christophe Brault était ado, c’était impensable d’écouter d’autres genres. Si tu écoutais du rock, tu ne pouvais pas écouter du disco : il fallait choisir son camp. Aujourd’hui, on picore à droite à gauche. « Ça permet d’être très éclectique et ouvert. » Selon lui, les goûts en musique qu’on aura à vie se forme entre 12 et 25 ans. « À partir de 25 ans, les emmerdes arrivent » car il y a trois choses qui pourront parasiter l’évolution de vos goûts : le métier, sa moitié et les enfants. On apprécie plus avec sa tête alors qu’« avant, on appréciait avec son cœur ».

La transmission est aussi une grande partie de la construction des goûts. On est très marqué par ce qu’on écoute chez soi – ce qu’écoutaient nos parents, nos frères et sœurs, les amis et aussi les collègues.

Mais Internet a aussi mis pas mal le bordel dans tout ce qui est style, genre et sous-genre. Avant, pour trouver un disque, il fallait le chercher chez un disquaire. Parfois, ça prenait un mois ou dix ans. Maintenant, on a tout, tout de suite, il n’y a plus cette recherche. On écoute beaucoup la musique dans les transports, en bougeant, mais on ne prend plus vraiment le temps de se poser pour écouter un album entier. On survole la musique.

C’est également devenu un produit de consommation qui n’est plus du tout dangereux pour le pouvoir comme il aurait pu l’être lors des mouvements punks. Mais on trouvera toujours un chemin, car « c’est comme l’eau dans une tuyauterie : dès qu’il y a un petit trou, l’eau passe ».

Il ne faut pas oublier non plus que la musique représente tout un mixage et que grâce à Internet, on a accès aux musiques du monde entier. Ce qui a permis une vraie accélération des mélanges de cultures et ça a toujours été la fondation même de la musique. Exemple avec le rock qui part d’un mélange de blues et de country. « La base même de l’évolution de la musique, c’est aller vers l’autre », relève Christophe Brault.

Si aujourd’hui la technologie nous a permis de grandes avancées, c’est quoi la suite pour la musique ? Pour lui, il n’y a que l’intelligence artificielle. L’androïde qui pense à notre place sans aucune intervention humaine. Pas joyeux mais c’est la seule possibilité qu’il imagine pour une nouvelle révolution car aujourd’hui on tourne encore avec des instruments qui ont trente ou cinquante ans, voire plus.

Alexis Le Cocquen

Sur le même thème

Jean-Louis Brossard, le visage des Trans Musicales

En studio

Crème Brûlée Records, une spécialité dinanaise