Le covid19 a vu resurgir les théoriciens du complot de tous bords, principalement au sein des espaces virtuels. Il y eut même une sorte de climax avec l’arrivée du documentaire « Hold-Up ». Celui-ci empruntait tous les codes radotés du genre : une mise en scène au ton grave et jouant sur l’émotion, avec des intervenants prostrés dans le noir qui narrent des faits de plus en plus douteux… Du rationnel, on bascule donc délibérément vers une idéologie parfaitement grotesque ! Au final, cette affaire s’est vite dégonflée, et le complotisme covidesque s’est vu depuis censuré de toutes les plates-formes légales. Il faut désormais fouiller pour y trouver des adeptes… Des adeptes qui seraient potentiellement fort nombreux : selon un récent sondage, un français sur quatre adhèrerait à une théorie complotiste.

Mais attention ! Car il y a complot et complot… Le complotiste lucide porte une cause légitime. Il se permet de douter, et on peut lui donner raison si l’on considère qu’il y eut effectivement dans l’Histoire plusieurs complots avérés. Par contre, pour celui dont la lucidité s’est évaporée, le complot se retrouve partout. Il est du coup inutile de débattre, puisque ça revient à prendre ses considérations aux sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est perdre soi-même tout son sérieux !

Faut-il pour autant se moquer du complotiste, comme certains raillent un peu bêtement l’électeur trumpiste ? C’est une activité salvatrice mais quelque peu condescendante. Car cette pensée peut être le fruit d’une souffrance, souvent liée à une défiance légitime vis-à-vis d’institutions à bout de souffle. Mais le complotisme le plus malsain se nourrit du virtuel : l’écran permet au spectateur de réinterpréter le réel à sa guise, et c’est peut-être cette négation (du réel) qu’engendre les pires complots. « Si j’étais complotiste, je m’demanderais qui me manipule, lorsque j’écris et dis : « si j’étais complotiste je m’demanderais qui me manipule’’ », ironise Damien G, membre du groupe black-metal Diapsiquir. C’est bien en restant derrière son laptop, à visionner des médias douteux, qu’on finit par élire un président féru de fake news.

Mon complot favori ? Jean-Luc Mélenchon utiliserait des machines planquées dans la Zone 51, afin de produire des hologrammes de lui-même pour envahir l’espace aérien, lui permettant de promouvoir sa prochaine candidature ! Et y’a pas de place au doute ou au débat sur le sujet. Il est inutile de chercher à me donner tort puisque de toute façon la terre est plate.

Corentin Daubé