Création littéraire
Avec Pierrick Jégu
Pierrick Jégu, le cœur et les pieds dans les vignobles
A l’occasion de ce numéro spécial Gastronomie, notre belle bande d’hypocrites a bu, sans modération, les paroles d’un connaisseur, journaliste et auteur, Pierrick Jégu. Réunis autour d’une table, nous avons savouré la passion de notre hôte. Ouvrons alors la bouteille de son partage personnel pour une saveur des plus naturels.
Journaliste pour plusieurs magazines et auteur, Pierrick Jégu est un fin connaisseur du monde du vin. Ce qu’il préfère ? Le contact, celui du terroir qu’il affectionne particulièrement. Ainsi, il aime se promener au cœur des vignobles et rendre visite aux producteurs, seules garanties de partir à la rencontre même de la base du produit. C’est en fait entrer dans l’intimité de création du vin et d’appréhender sa philosophie, de même que celle de ses créateurs. Voilà qui le motive alors à écrire des portraits de vignerons mais aussi de chefs cuisiniers.
Et puisque la presse impose des contraintes de signes et d’écriture, il apprécie pouvoir écrire ses propres livres en se tournant vers une approche pédagogique. C’est le cas du « Traité de Jajalogie », où il expose un guide ludique et instructif des vins d’une manière démocratisée ou encore du guide « Pépites de cavistes, les meilleurs vins près de chez soi », s’adressant aux amateurs à la recherche des meilleurs caves. La sensibilité de Pierrick Jégu au vin est celle de l’ouverture. Être disposé à une certaine largeur d’esprit permet d’oublier les a priori sur le vin car celui-ci peut influer par sa provenance, par exemple.
Lorsqu’il parle de vin, Pierrick Jégu est vite passionnant. Evolutif, vivant… au-delà d’un savoir unique, c’est toute une terre, une culture et une démarche qui s’offrent le temps d’une gorgée. Le vin a un tempérament, une personnalité. En prenant le temps d’explorer le vin, on y accorde un moment précieux à sa provenance, et donc à sa terre. Le vin fait partie d’un patrimoine culturel et offre alors un véritable voyage. En ce sens, l’appréciation d’un vin ne mérite, de son point de vue, pas de note car cela serait se placer en supériorité et oublier le coté vivant du vin et de la personne. Cela serait aussi omettre l’humeur ou les envies que l’on a lors d’une dégustation de vin.
Cette passion qu’il nous expose part d’une rencontre. Sa famille est amatrice de vin mais peu connaisseuse. Il prendra goût à l’univers du vin à l’Assemblée nationale, lors d’une dégustation non académique, à laquelle il participe grâce à la connaissance d’une amie. Ensuite, il assiste à des cours d’œnologie, qui manquent à ses yeux d’ouverture à une sensibilité et au ressenti que lui recherche. Tout un monde que Pierrick découvre alors. Le vin est devenu dès lors un outil d’expression, presque artistique, loin de la simple boisson. Expression d’une sensibilité sincère, il est le moyen de se laisser aller et de s’écouter dans ce qu’il peut nous procurer. Autrement dit pas de complexe à avoir et place à ses propres ressentis ! Après tout, les sensations que procurent cet alcool sont multiples et très personnels entre vocations de tendresse et réconfort pour les uns, nostalgie et mélancolie pour les autres.
Pierrick Jégu apprécie le vin qu’il qualifie de simple et de non démonstratif. Le vin peut être à lui seul un univers et être humanisé, incarné par une personne. S’il était un vin, il serait un vin fluide, très évident à boire. Celui qui donne la sensation de se faire du bien de manière essentielle. Habité par de solides connaissances et une passion des plus sincères, Pierrick Jégu aura donné un regard neuf et humain à notre perception du vin !
Grégory Geoffroy
Création littéraire avec Ali Khelil
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