Dans les coulisses de l’édition
La culture manga, et sa notoriété, prend de plus en plus d’ampleur depuis des années. Et pourtant, la réalité derrière ce milieu aussi attirant qu’impitoyable est trop peu mise en lumière aux yeux des aspirants mangakas. Nous avons rencontré Charlotte Raimond, éditrice aux éditions Ankama, afin d’avoir un aperçu des coulisses du métier.
La maison d’édition Ankama, petite boîte tenue par seulement deux éditrices, est jeune d’une quinzaine d’années. Son point de départ fût la sortie du célèbre jeu « Wakfu », qui lui permit de se faire connaître. Maintenant, elle s’occupe notamment d’éditer des jeux-vidéo, mais aussi des mangas, bande-dessinées, films, animes et jeux de plateau.
Les mangas japonais ont toujours un succès bien supérieur aux mangas français. Et pourtant, chez Ankama, ils décident de n’éditer que du manga local. Pourquoi ce parti pris ? Tout simplement parce que l’entreprise souhaite toucher la communauté française, être plus proche de son public et avoir des rapports personnels avec ses auteurs, nous explique Charlotte Raimond, qui s’occupe depuis cinq ans du suivi éditorial, de l’accompagnement d’auteurs, ainsi que du marketing de projets chez Ankama. D’autant plus que les références culturelles et l’humour ne sont pas les mêmes, d’un pays à l’autre…
Cependant, même en abandonnant les mangas japonais au profit de ses valeurs, la boîte a déjà publié plusieurs succès internationaux. Notamment le célèbre jeu « Wakfu », mais également « Radiant » ou encore le shonen de Tony Valante, premier manga français à avoir été publié au Japon ! Le succès de cet ouvrage est notamment dû au talent de son auteur, à son rythme de production effréné d’environ trois tomes par an, mais également à son adaptation en série animée qui lui permit d’être démocratisée auprès d’un public plus large encore.
Cependant, ces modèles de réussite ne sont pas monnaie courante dans la profession. L’industrie compte de plus en plus de clients, mais également d’aspirants mangakas. Le métier fait souvent rêver ! Mais il faut avoir une grande maturité, être préparé, avoir un mental d’acier et des idées précises en termes de dessin et de scénario, pour arriver à se démarquer. Si la plupart des mangakas ont entre 27 et 30 ans à leurs débuts, c’est parce que les éditeurs font des « repérages » de jeunes artistes assez tôt avant d’attendre de voir comment ils évoluent, souligne l’éditrice, partie d’un master dans l’édition et d’une expérience chez Hachette.
Au final, beaucoup de travaux sont vus et lus par les éditeurs mais assez peu les convainquent. D’autant que tous les styles ne marchent pas forcément : Bien que le Seinen (manga aux thèmes plus matures) fonctionne de mieux en mieux depuis quelques années, il faut bien être conscient que le genre qui marche le mieux chez les lecteurs, c’est bien le bon vieux Shonen !
Au final, être mangaka, c’est beaucoup de responsabilités : il faut pouvoir s’impliquer pendant plusieurs années sur un projet, savoir se remettre en question régulièrement, évoluer et innover afin de ne pas perdre le lecteur et avoir un rythme d’enfer, surtout si la série fonctionne ! Ça a l’air compliqué et… ça l’est. Mais ne perdez pas espoir ! Les bonnes idées, un mental d’acier et la magie d’internet font parfois des miracles. Alors à vos plumes !
Elisa Poulain & Naëlle Bannier
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