Ça sent le sapin !
La mort anonyme
Nous ne sommes pas tous égaux dans notre rapport à la mort, elle peut inspirer la peur, la curiosité, la fascination, parfois l’indifférence… Pourtant indépendamment des sentiments qu’elle provoque, on le sait, elle est inéluctable. Le déni de la mort est un des phénomènes les plus compréhensibles, mais aussi l’un des plus absurdes de notre société. Du moins au cœur de la civilisation occidentale. En effet, ce déni tient davantage ses racines des mœurs culturelles que de notre nature humaine. Pourtant la mort constitue un aspect essentiel de notre vie et malgré notre effort collectif pour l’éluder, elle reste et restera présente dans notre société, par exemple au travers des nombreux métiers parfois oubliés mais pourtant essentiels.
Seule une poignée de thanatopracteurs, autrement dit « les maquilleurs des morts », exercent. Les métiers du funéraire, par exemple ceux des pompes funèbres, restent également très peu convoités. Pour cause, la plupart des petites entreprises sont des business familiaux. En plus de la croissance plus faible du corps de métier, le contexte sanitaire n’arrange pas la situation. Les thanatopracteurs se font refuser leur droit d’exercer sur des morts précédemment atteints de la covid. Malgré cette baisse de chiffre, leur affaire reste assez juteuse, et les prix à afficher pour avoir le droit de mourir proprement sont plutôt salés.
Cependant, il existe des alternatives plus accessibles, par exemple via la Coopérative funéraire, qui propose des inhumations moins coûteuses, donnant plus de choix aux proches et étant plus éthiques sur le plan humain et écologique. Face au développement durable en situation de crise, l’industrie décide parfois de mettre la main à la pâte et de proposer des services écologiques : cercueils non-polluants, absence de formol, cimetière vert…
Et tous ces efforts communs des travailleurs de la mort sont trop souvent réduits au silence, notamment à cause du voile que s’appose volontairement notre civilisation. Au cours du journal et de tous les articles qui vont suivre, nous allons donc vous exposer tous ces aspects de la mort qui restent trop invisibles et méconnues aux yeux de la société d’aujourd’hui.
L’édito par Elisa Poulain, Benjamin Bucaille et Naëll Bannier