« Le jeu de rôle grandeur nature est avant tout un loisir social »
Quand on parle d’imaginaire, il est impossible de ne pas parler de jeu de rôle. C’est pourquoi nous avons choisi d’échanger avec le président de la Guilde de Bretagne, Xavier Beccarel, pour en savoir plus sur cette pratique.
– Xavier, vous êtes président de la Guilde de Bretagne. De quoi s’agit-il ?
Il y a une trentaine d’années, elle naît de la volonté de plusieurs associations bretonnes de se fédérer pour organiser un évènement, le Tournois du Grand Ouest, tournoi de jeu de rôle qui tournait d’année en année sur plusieurs villes de Bretagne. Avec le temps, elle s’est davantage centrée sur le jeu de rôle Grandeur nature (GN). Nous nous définissions comme une porte d’accès pour les personnes qui cherchent à découvrir le jeu de rôle.
– Qu’est-ce qu’un jeu de rôle GN ?
Il faut préciser la différence entre le jeu de rôle et le jeu de rôle GN. Le jeu de rôle est un jeu qui se passe principalement autour d’une table où l’on incarne un personnage, dans un cadre posé par un maître de jeu (le meneur/narrateur) qui fournit tous les éléments de contexte autour des joueurs. Les joueurs ont une feuille de personnage qui indique l’ensemble de leurs caractéristiques (physique, caractère, ceux qu’ils peuvent faire ou non). Avec des dés ou des cartes, on détermine si le personnage réussit ses actions ou non. Le narrateur est là pour faire avancer l’histoire, faire vivre l’aventure aux personnages.
Dans un GN, on sort de la table pour se plonger un peu plus dans la réalité. Le joueur va interpréter lui-même physiquement le personnage. La feuille de personnage est toujours là pour définir l’historique, les motivations et les compétences. Pas besoin d’être un très grand acteur. On reste bienveillant. Le GN nécessite un investissement personnel plus important, notamment pour la confection des costumes : on ne joue pas un chevalier avec une armure en carton. On fait des efforts pour s’adapter à l’univers, ce qui permet de développer de nombreux savoir-faire : couture, création du cuir ou autres.
La guilde propose un évènement mensuel tous les premiers jeudis du mois. C’est porte ouverte. Beaucoup de GNists sont présents pour parler des futurs jeux. Ça permet aussi aux gens de découvrir et d’avoir des tas de conseils pour débuter.
– Comment se prépare-t-on pour un GN ?
Si l’on débute et que c’est la première fois qu’on participe, on ne va pas forcément avoir un costume complet de viking. C’est là que la Guilde intervient et que la solidarité se met en marche. C’est difficile d’investir des milles et des cents juste pour une soirée. Alors, on sollicite nos connaissances ! De plus, tous les débutants sont accompagnés pour éviter les écueils. Par exemple, si l’on part sur un jeu médiéval fantastique sur un weekend et qu’on décide de dormir dans des tentes, il vaut mieux avoir de bons conseils en amont. Car trop d’amateurisme peut nous amener à être sans ressource, transit de froid, sans sac de couchage ou tente… J’en parle en connaissance de cause.
– Comment se passe l’organisation d’un jeu ?
Un GN de 80 personnes par exemple peut prendre 6 mois/1 an de préparation minimum. À partir d’une idée, on va déterminer de quoi on va parler, dans quel univers on va se situer, pour combien de personnes, etc. On va se concentrer principalement sur l’histoire : quel contexte on va poser, que va-t-il se passer dans la journée, quels évènements, qui sont les personnages. Après, il y a l’organisation : trouver le lieu, quel moyen on a à disposition, combien va coûter le site, quel est l’enveloppe budgétaire. Et puis la logistique : location du terrain, l’assurance, les repas, costumes et armes.
Le GN est un grand jeu où il a plusieurs autres petits jeux à l’intérieur. Par exemple, une simulation militaire peut comprendre un jeu de paintball ou de la capture de drapeau.
Y a-t-il différentes façons de jouer ?
Oui, on va tourner principalement sur trois types de joueurs. Les Gamistes représentent ceux qui veulent gagner le jeu. Les Simulationnistes s’attachent davantage à l’incarnation de leur personnage qui doit être le plus réel possible en agissant de la manière la plus logique. Les Narrativistes, quant à eux, s’intéressent à la narration de l’histoire en agissant de façon à rendre l’histoire plus profonde.
Avec ces types de joueurs qui se rencontrent et se mélangent, on produit des jeux différents. En général, les organisateurs prévoient des lettres d’intention aux joueurs pour annoncer le type de jeu prévu.
Le GN, c’est avant tout un loisir social ou l’on est en dialogue avec les uns avec les autres.
– Est ce que le jeu de rôle GN peut s’avérer dangereux ?
Parfois on ne sait pas à l’avance comment on va gérer certaines situations et c’est pris en compte dans l’organisation. Quand on joue un rôle, il faut aussi faire attention à sa propre histoire. Quand on est sur des thèmes un peu durs, par exemple un deuil, cela peut plus ou moins affecter selon les personnes. Mieux vaut alors passer son tour pour se protéger aussi.
Il y a une règle qui existe dans le milieu, c’est celle du « vraiment vraiment ». Exemple : « Tu as mal à la cheville ? Non ça va. Vraiment, vraiment ? Oui vraiment, vraiment ça va. » Quand tu dis « vraiment, vraiment » c’est que tu dis la vérité. Ça permet de faire la différence entre ton rôle et la réalité.
Intéressé.e ? Vous pouvez retrouver l’équipe de la Guilde de Bretagne, tous les premiers jeudis du mois, de 20h30 à 23h30, à l’Heure du Jeu.
Propos recueillis par Alexis Le Cocquen.
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