Pour Xavier Dollo, la Science-fiction rime avec passion
L’écrivain de Science-fiction guingampais Xavier Dollo, nom de plume Thomas Geha, a sorti, avec l’aide de l’illustrateur Djibril Morissette-Phan, la bande dessinée « Histoire de la science-fiction en BD » ! Un nouveau défi pour lui, habitué à écrire des romans. L’œuvre est nécessaire, selon lui, pour faire passer l’amour de la science-fiction et de l’imaginaire au grand public.
Très jeune, Xavier Dollo se passionne pour la littérature de l’imaginaire, et s’est vite mis à vouloir raconter ses histoires. Il conte une de ses premières expériences d’écriture, en sixième, quand sa professeure de Français propose de reprendre un personnage, toute l’année, pour les rédactions à rendre. Xavier Dollo, fier de ses personnages, continue d’écrire son histoire hors des cours et développe un univers fantasy, « calquée un peu sur Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux », décrit-il.
« Ensuite, j’ai rencontré quelque chose d’absolument merveilleux… », poursuit l’auteur, faisant référence au Minitel, merveille technologique de son époque, qu’il se mit à utiliser dans le dos de ses parents. Cela coûtait cher de se connecter aux serveurs minitels. Ces serveurs étant pour amateurs de science-fiction, ils lui ont permis de rencontrer d’autres écrivains, qui lui parlèrent de certaines communautés de fans. De fil en aiguille, il a pu avoir des contacts d’éditeurs de fanzine, qui lui permirent de publier ses premiers textes et nouvelles.
Par la suite, il put publier dans des revues et anthologies spécialisées en science-fiction plus professionnelles, pour lesquelles il fut rémunéré. Entre-temps il obtient son Bac Littéraire et part à Rennes pour poursuivre ses études à l’université de Rennes 2 en lettres modernes, dont il obtient une maîtrise.
Il y découvre la librairie Critic, à travers les mercredis de la SF qu’elle propose, et devient libraire spécialisé SF. En 2005, il publie son premier roman aux éditions Rivière Blanche, nommé « A comme Alone ». Xavier, de ses dires, se voit « comme un touche-à-tout » ; écrivain, libraire, et même éditeur de fanzine quand il était au lycée. Son boulot en tant que libraire, révèle sa volonté d’être une personne ressources. Comme il le dit lui-même : « On a toujours besoin de gens pour évoluer, pour insuffler l’amour de la SF. » Véritable passionné, il exerce son métier de libraire d’une manière engagée auprès des lecteurs et visiteurs de Critic.
Vient alors son projet de bande dessinée, qui part de la maison d’édition Humanoïdes Associés, qui voudrait une collection de BDs nommée « Histoire de… ». Seulement tournée vers la bande dessinée, celle-ci est connue et reconnue en France pour avoir édité des grands auteurs et bandes dessinées de Science-fiction, tels que Moebius et sa bande dessinée L’Incal, et Casa, grand illustrateur de SF qui a aussi édité le magazine Métal Hurlant. Il était donc normal pour eux d’inaugurer leur nouvelle série de bande dessinée documentaire avec un premier tome sur la Science-fiction.
Pour ce premier tome, les Humanoïdes Associés cherchaient un ou une scénariste, qui serait en plus écrivain de Science-fiction, et un ou une illustrateur(trice). Pour trouver la bonne personne, ils se mirent donc à prospecter auprès d’auteurs et autrices de SF, leur demandant de faire des essais. La librairie Critic ayant un partenariat avec les Humanoïdes Associés, Xavier tenta sa chance. « Et, oh ! Surprise ! Ils m’ont sélectionné », s’exclame-t-il en souriant. Par la suite, il participe au choix du dessinateur qui mettra en page la bande dessinée. Il finit par choisir Djibril, un dessinateur canadien au style hybride, ce qui était important pour Xavier car il pouvait s’adapter à n’importe quelle époque.
Cet ouvrage représenta deux ans et demi de travail. Même s’ils ne pouvaient se voir en face à face contraint par le contexte sanitaire et la différence de continents, Xavier considère que cette collaboration avec Djibril était parfaite et extrêmement satisfaisante.
Il nous évoque le fait que les manières d’aborder un roman et une BD sont totalement différentes. « Pour l’un, je suis totalement libre de faire ce que je veux, pour l’autre je dois m’adapter à un support de travail collectif. » Il se trouvait aussi restreint avec le nombre de pages, seulement 200, et un seul tome, pour un sujet pour lequel il pourrait en faire cinq avec le même nombre de pages. Le plus grand exercice fut de synthétiser ce qu’il voulait dire.
Bien qu’à ce moment-là il avait déjà eu une petite expérience de scénarisation de strip comics avec Eric Scalla, il voit ce travail comme sa première vraie expérience de scénarisation de bande dessinée. Il dut donc se documenter et s’améliorer jour après jour. « Chaque jour on apprend quelque chose car chaque jour on tombe dans un cul-de-sac », dit-il. La BD qui résulte de ce travail est un condensé d’informations aussi instructives qu’amusantes. Chaque chapitre propose des recommandations de lectures de la part de Xavier et le dessin de Djibril est vibrant et détaillé. Seul bémol, qui montre à quel point l’auteur voulait apprendre aux lecteurs le plus de faits possibles, les textes sont longs, nombreux, et assez durs à digérer.
Ce qui l’a séduit dans l’idée du medium de la bande dessinée, c’est de travailler avec un média qui est ignoré pour sa valeur éducative. Pour lui, un roman « convainc le convaincu » tandis que la BD est beaucoup plus grand public et permet donc de toucher des personnes qui ne s’intéressait pas à la SF. Sa première victoire fût d’atteindre un lectorat qui a eu moins accès à ce genre. Il se donne pour mission de partager sa passion et son savoir par les petites recommandations proposées dans la BD.
L’auteur a des valeurs collectives, de partage et de diffusion, qu’il voit importantes. Ces valeurs le mènent à la direction d’Argyll, une coopérative du livre, qui comprend une maison d’édition avec déjà sept publications. Cette place de guide qu’il veut représenter est d’après lui très importante dans le parcours d’un jeune, comme ça l’a été pour lui. Il voit la librairie comme un système de partage d’un point de vue humain pour offrir un moyen d’évasion et de bonheur. Marqué par cette idée d’être passeur, il aimerait faire partie de cet engrenage. Il donne l’exemple d’un jeune Rennais, qui venait trois fois par semaine à la librairie, avec qui il a partagé son vécu et l’aida à prendre conscience de son potentiel, le poussant à se tourner vers l’édition.
Un projet d’ouverture d’une librairie Argyll arrive à Maurepas dans les prochains mois, avec un espace de travail collectif pour professionnels. Pour lire l’excellente bande dessinée « Histoire de la science-fiction en BD », rendez-vous en librairie !
En savoir plus : argyll.fr
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