Tisser sa toile
Ils sont bien installés sur une chaise, un canapé, au fond d’un bus ou dans leur lit. Ils cliquent, ils glissent leurs doigts sur l’écran tactile, c’est ludique. Ils sont présents physiquement, ancrés dans un monde réel. L’écran est un portail, un franchissement, une coupure. Une coupure à ce monde qu’ils perçoivent, qu’ils touchent, à l’air qu’ils respirent. Ils sont connectés mais pourtant déconnectés. Leur énergie vitale est le taux de charge de leur batterie. Leur puissance se définit par rapport à leur nombre de Giga et uniquement par ça. Ils partent dans un monde : celui des Réseaux Sociaux. Cet endroit bien virtuel où ils se parlent sans conjugaison ni pluriel. Ils se « smile », à tort, car, dans la rue, ils s’ignorent. Là-bas ils peuvent « liker » à longueur de journée, même s’ils n’aiment pas. Ils peuvent être morts de rire même si ce n’est pas vrai. Leurs pensées sont faussées. C’est aussi dans ce monde qu’ils peuvent avoir des milliers d’amis qu’ils ne connaissent pas mais aussi rencontrer tant de monde qu’ils ne verront jamais. Là-bas ils peuvent partager des tonnes de choses qu’ils ne feront pas, sortir de cette planète virtuelle pourtant ancrée dans le réel. Ils se prennent en photo pour se montrer et s’amuser, après tout aucun danger. Le jeu est presque sans fin. Et s’ils allaient faire le buzz ? Envie de reconnaissance ou simplement de l’inconscience ?
Faire un scandale c’est bien normal. De toute façon ça ne passera pas dans le journal. Ils s’offusquent de tout, même s’ils ne connaissent rien au sujet. Ils se croient faiseurs de bonnes actions en cliquant pour une bonne cause mais resteront dans leur salon. Et puis ça part au clash. Plus de discussion rationnelle, que des règlements de compte personnel. Les insultes, les menaces, pas grave, ils pensent que ça passe. Après tout, ils ont le droit de s’exprimer.
Encore heureux on est en démocratie. Et puis pas de quoi exagérer parce que ce n’est pas pour de vrai. Alors si le Peuple agit ainsi face à ces Réseaux que peut-on dire de la Démocratie ?
Une démocratie perdue dans la promesse utopique de ces Réseaux. Des idéaux noyés dans un océan incontrôlable de mots. Se croire totalement libre et sans limite, voilà qui irrite ! Il n’est parfois plus bon d’être connecté dans un monde déconnecté, ne percevant plus les sens de la réalité. Sous un pseudo, ne plus mesurer les poids des mots. Derrière un écran, des innocents portant un fardeau. Un abus de Démocratie au péril de nos vies….
Et que dire de toutes ces fakes news ? Ça sent la « loose » ! Le hic c’est si c’est politique. Et si c’était un enjeu de démocratie avec des rumeurs qui induisent en erreur ? Imaginons un complotisme mettant à mal l’information et nous incapable de comprendre. Comme si l’émotion agitait nos réactions.
Peut-on penser aussi à notre manipulation ? Ces médias d’expression dans lesquels nous serions des pions à la consommation. Le but lucratif, ne soyons pas naïfs. Démocratie, liberté…. Et si elles étaient brouillées par les autorités ? Les réseaux sociaux sont tellement spontanés alors facile de vite s’y faire piéger.
Ces réseaux sociaux qui vantent le plaisir du partage et de la relation, que de belles notions ! Mais attention à l’image de ces précieux avantages. Dans un abus de Démocratie et de ses fondements parfois incompris, mieux vaut éviter les saccages. Il est préférable d’être sage et ne pas se laisser bercer par un certain mirage.
Grégory Geoffroy
Création littéraire avec Ali Khelil
Tisser sa toile
Démos, des mots, toujours des maux !